Parachiyoth doubles (doubles parties) : « AHAREY MOTH » (après la mort) « QEDOCHIYM » (Saints vous serez)
Parachiyoth doubles (doubles parties) : « AHAREY MOTH » (après la mort) « QEDOCHIYM » (Saints vous serez)
Shabbat 6 mai 2017
Lectures :
Parachah : Vayyiqra/ Lévitique 16 à 20 fin
Haftarah : Yéhézqél/Ézéchiel 20 : 1-20
Bérith Hadachah (Nouvelle alliance) : Matthathyahou/ Matthieu 3 : 1-12
Rappel : les commentaires ne sont pas des études, mais des pensées que la lecture de la parachah nous inspire et nous permet, sur une année, de relier les textes de la Torah et des Prophètes aux textes de la Bériyth haHadachah, de l’Alliance renouvelée en Yéshoua
I - AHAREY MOTH
Résumé :
Après la mort de deux de ses fils, Élohim prescrit à Aharon le rituel sacrificiel de Yom Kippour, avec ses offrandes spécifiques : les rites à effectuer dans le Saint des Saints où réside la Shékhinah (présence divine), la désignation d’un bouc émissaire et le renvoi pour Azazel dans le désert, par tirage au sort entre deux boucs. YHVH interdit d’apporter des offrandes hors de l’enceinte du sanctuaire, insiste sur la valeur absolutrice du sang, ainsi qu’Il en interdit la consommation. Cette parachah est notamment lue à nouveau le jour du Yom Kippour car elle définit le périmètre et le contenu de cette convocation solennelle.
Diverses déviances sexuelles sont ici énumérées et interdites. Également interdit, le sacrifice des enfants à Moloch. Il est souligné que c’est parce que les Cananéens se sont complus dans ces pratiques que la terre les vomit. Un sous-entendu presque évident d’une condition sine qua non pour mériter de rester sur cette terre, Éréts Israël.
La parachah Aharey Moth comporte à ce titre 2 prescriptions positives et 26 prescriptions négatives (26 étant la gématria du Tétragramme sacré). L'interdiction faite au Grand Prêtre, le Kohen Gadol, d'entrer dans le Saint des Saints chaque fois qu'il le désire, est ainsi liée au titre de notre parachah « après la mort » qui nous rappelle que dans la parachah précédente Chémiyniy, deux des fils d’Aharon ont péri pour s’être avancés « imprudemment et trop près » d’Élohim.
« Signifie à Aharon ton frère, qu’il ne peut entrer à toute heure dans le sanctuaire… s’il ne veut encourir la mort. » (Lévitique 16 :2)
C’est l’avertissement que reçut Aharon après la mort de ses fils. C’est uniquement grâce au service de Yom Kippour (qui représente la réparation de l’alliance) qu’il pouvait pénétrer dans le Saint des Saints.
Ces deux points : l’entrée dans un endroit sanctifié et la mort sont clairement mis en rapport dans cette portion de la Torah. Il est important de constater que cette parachah établit un lien direct entre tout ce qui concerne le rôle du Kohen Gadol (Grand Sacrificateur) et les prescriptions de sainteté qui s’adressent à chacun des membres du peuple d’Israël. L’Élohim saint saint saint (Qadosh Qadosh Qadosh) ne peut être approché qu’au prix d’un long et incontournable rituel de
2
purification, opéré par un homme qui a dédié sa vie à cette seule fonction, au bénéfice d’un collectif, en acceptant de porter, supporter cette « médiation » par une vie sanctifiée. C’est toute la pédagogie exemplaire dont il sera dit : « Dans le rouleau de la Torah il est écrit de Moi » … Parole du Kohen Gadol par excellence : Yéshoua.
La mort de Nadav et Avihou
Verset 1 de notre parachah : « Et YHVH parla à Moshéh, après la mort des deux fils d’Aharon, lorsqu’ils s’approchèrent d’Adonaï et qu’ils moururent ».
Les derniers mots de ce verset posent une question. Pourquoi la Torah ajoute-t-elle « ils moururent », alors qu’il a déjà été mentionné « après la mort des deux fils d’Aharon » ?
Des commentateurs, en tentant d’expliquer la raison de leur mort, donnent les arguments suivants : ils avaient pénétré dans le Saint des Saints ; ils ne portaient pas les habits sacerdotaux nécessaires pour leur service ; ils n’avaient pas d’enfants ; et ils n’étaient pas mariés ( !?ect…).
Selon certains commentaires Nadav et Avihou auraient atteint l’extase spirituelle de la présence dans le Saint des saints (un aller simple), mais non au retour. Ce serait cela leur péché et la raison de leur mort ! Ils « s’approchèrent d’Élohim et moururent » : ils permirent à leur passion spirituelle de l’emporter sur leur mission dans ce monde. Ils outrepassèrent les limites de ce monde sans y être expressément invités. (Plus tard, l’apôtre Paul sera autorisé à effectuer ce voyage aller ET retour). Ce risque était connu car à l’occasion du don de la Torah, YHVH avait prévenu Moshéh :
« Descends avertir le peuple. Ils pourraient se précipiter vers YHVH pour contempler sa gloire, et beaucoup d’entre eux périraient.» (Exode 19 :21)
Cette volonté de s’approcher d’Élohim par soi-même (et par ses propres mérites ou par une recherche extatique ?) serait à la base de la faute attribuée aux fils d’Aharon. N’étaient-ils pas de ceux qui furent invités avec Moshéh et Aharon et les anciens, pour monter sur la montagne ? Alors qu’Eléazar et Ithamar ne le furent pas. (voir Exode 24)
Toute leur faute découlerait d’une même erreur : croire que le croyant s’approche d’Élohim par le retrait du monde plutôt qu’en s’y investissant. Cette conclusion du judaïsme télescope violemment quelques postures issues du christianisme qui prescrivent parfois un idéal de vie monastique, exactement inverse. La prière puissante et pressante de notre Adon Yéshoua ne fut-elle pas « de nous préserver du monde et non de nous ôter de ce monde ? » Aussi, ne faut-il pas chercher à être « retirés » tels des Nadav et Avihou mais rester témoins dans son temps pour le racheter, si possible.
Tous les récits de la Torah ont un enseignement qui s’applique à chaque croyant sans exception. Quel est le message universel de l’histoire de Nadav et Avihou ?
Nous pouvons parfois vivre une intense expérience spirituelle, un jour de Shabbat, de Fêtes ou de jeûne…Pendant un certain temps, nous sommes extraits de notre routine quotidienne, de nos anxiétés habituelles et il nous est permis de nous élever intérieurement. Ce fut tout l’intérêt de l’expérience de la « transfiguration » sur la montagne, qui nous est rapporté en Matthieu 17. C’est à ce moment-là qu’il faut alors se rappeler que, quelle que soit l’intensité de ce moment privilégié, il faut envisager la poursuite de notre quotidien. Nul ne doit rechercher l’extase pour elle-même (de façon quasi-mystique), mais pour le retour qui la suivra. Une expérience « religieuse » n’a pas pour vocation de rester un vague souvenir ; elle doit rester active et éclairer chaque jour notre chemin. C’est ainsi qu’Élohim s’engage à bénir matériellement chacun d’entre nous, pour avoir su lier intrinsèquement le monde spirituel aux problématiques matérielles. Notre environnement se trouve ainsi sanctifié par notre expérience spirituelle et mécaniquement béni par Élohim.
« Si vous marchez dans mes statuts et gardez mes commandements et les accomplissez, alors Je vous donnerai la pluie en son temps et la terre donnera ses produits... »
3
Certains commentateurs présentent la mort de Nadav et Avihou comme la conséquence d’un comportement plus négatif. Ils moururent pour plusieurs motifs différents et chacun est un enseignement qui demande méditation :
- après avoir saisi leur encensoir, y avoir mis du feu et jeté l'encens selon une procédure inadéquate ,
- pour avoir apporté devant Élohim un éch zara, un feu étranger,
- pour l’avoir fait en un lieu et en un temps qui n’étaient pas le bon et sans que cela le leur eût été commandé *
- pour avoir enseigné une halakha (règle de conduite de loi orale) en ce lieu et en ce moment, alors qu'ils ne pouvaient pas le faire en cet endroit,
- pour avoir enseigné et officié devant leur père alors que c’était son rôle à lui,
- seul Moshéh pouvait entrer quand il le voulait, Aharon pouvait entrer à certains moments mais non pas eux qui ne pouvaient se substituer à ces grands,
- pour être entrés là sous l'influence du vin ou d’un boisson forte,
*La Torah utilise à de nombreuses reprises la phrase « comme YHVH l’avait ordonné à Moshéh ». Or, dans cette parachah, il est stipulé au contraire : « ce que YHVH ne leur avait point ordonné »
Ainsi, Nadav et Avihou ne seraient pas morts pour avoir transgressé une règle explicite, mais à cause d’une trop grande proximité de leurs êtres avec la Shékhinah de YHVH, ce qui ne leur était pas accessible, d’autant qu’ils présentèrent leur propre « feu »… Cet évènement pose le principe même de l’incapacité humaine à la présence d’Élohim et de la nécessaire médiation, du rôle fondamental tenu par le Kohen Gadol, qui seul, peut tenir en présence d’Élohim.
Le judaïsme d’aujourd’hui, et depuis l’an 70, ne peut plus exister sur le modèle initial et révélé à Moshéh, car ce Kohen Gadol n’existe plus. Il devient urgent pour les croyants et les adeptes du culte mosaïque version pharisienne, de redécouvrir cette figure essentielle du Kohen Gadol, au risque de générer de génération en génération autant de Nadav et Avihou, et continuer à ajouter à la Torah : « ce que le Seigneur n’avait pas ordonné… »
Ce Kohen Gadol existe pourtant bel et bien, il est Haï, vivant et en présence du Père Créateur pour notre Salut (Yéshoua) à tous.
Les deux boucs de Kippour
Le jour de Kippour, le Kohen Gadol prenait deux boucs, l'un était pour YHVH et l'autre pour Azazel (le Satan ! selon l’interprétation la plus répandue, mais qui reste hypothétique). Ils devaient être rigoureusement semblables, mais leur sort était très différent.
Le sang du premier était aspergé par le Kohen Gadol devant l'Arche sainte, dans le Saint des Saints. Quant au second, il était envoyé dans le désert après que le Kohen Gadol l'ait chargé des péchés de tout Israël.
Les deux boucs représentent deux caractéristiques distinctes du peuple. Le premier bouc symbolise l’aspiration à vivre une proximité avec Élohim. Elle est symbolisée par l'aspersion du sang sur l'autel. Quant au second, il représente la somme des pêchés d'Israël et semble contredire la précédente aspiration. Toutefois, ces péchés sont inspirés par des facteurs extérieurs à l’être qui, lui, reste pur dans son essence. Ainsi coexistent en chaque homme une force d’attraction (vers la sainteté) et une force de répulsion. La première est représentée par le Souffle de sanctification et la seconde par la chair.
Le tirage au sort entre les deux « boucs » renforce la « fatalité » de cette dualité, laquelle ne saurait être dissociée dans ce monde-ci car propre à l’humanité depuis le premier Adam. Il ne s’agit donc pas tant d’haïr le bouc tiré au sort et jeté au désert, que d’apprendre à gérer-maitriser ce qu’il
4
représente. Et cela est en nous, pour que nous l’emmenions également au désert… pendant que l’autre partie de notre être, se répande sur l’autel en sacrifice agréable. Tout Israël, à Yom Kippour, prenait conscience de ce potentiel et rejetait ses fautes : celles-ci, par conséquent, se détachaient du peuple et tombaient comme des feuilles mortes. En ce jour, le Satan ne pouvait plus accuser. L’Assemblée d’Israël était alors « sainte, sans tache, irréprochable. »
Yom Kippour s'appelle aussi le jour du Grand Pardon. Pour que ce pardon soit effectif, il est demandé de faire Téchouvah, c'est à dire un retour : un nouveau départ. La Téchouvah est une réparation, cette notion dépasse le problème du seul péché.
Le mot « Hét » traduit par péché provient d'un verbe que la Torah utilise pour les archers du Roi David et qui signifie manquer la cible ; le péché est donc sémantiquement autre chose qu'une infraction ou une violation : c'est un manquement à soi même !
Le pécheur est un homme qui rate le bon sens de sa vie et « faire Téchouvah», c'est aspirer à revenir à Élohim. Tout processus de Téchouvah signifie : revenir à la maison d’Élohim, parvenir à l'Être Saint Saint Saint, qui est et réside au-delà du temps, l'Être en lequel le passé, le présent et le futur sont unifiés en un « au-delà du temps ».
A ce stade du processus de la Téchouvah, tout se passe comme si rien n'avait jamais existé : cet état de Téchouvah précède la faute, il se situe avant la faute. C'est pourquoi le pardon est possible puisqu’à ce stade du « retour» rien ne s'est encore réellement passé. Chacun a la faculté de revenir dans cet espace d’Élohim où la faute n’existe pas : tel est le processus de réparation, de régénération de notre être. Mais approcher cet espace n’est pas autorisé en dehors de la pensée de Kippour, dans la centralité de l’action du seul Kohen Gadol possible.
Puissions-nous être conscients que le « rideau » d’accès au Saint des saints est aujourd’hui constamment ouvert par l’action du Fils (Yom Kippour) , qui permet à chacun de faire « retour » et de revenir à la Maison du Père.
YHVH est parfait en sainteté et ne peut pas être approché par l’homme pécheur qui n’aurait pas reçu le vêtement de pureté approprié, qui ne serait pas sous le couvert du sang de l’Agneau d’Élohim. Voilà qui fut fait définitivement à Golgoltha.
L’Agneau du Péssah universel rejoint le bouc de Kippour dans sa vocation de grâce et de pardon. Il relie et réalise la dimension prophétique de toutes ces fêtes. Son sang fut versé sur l’Autel pour nos péchés ! Il fut donc tout à la fois le bouc sacrifié sur l’Autel et le bouc chargé de nos péchés emportés dans le désert … désert du séjour des morts qui ne put le retenir plus de trois jours et trois nuits et dont Il sortit vainqueur.
Des deux (boucs – victimes expiatoires), Il n’en a fait qu’un…et c’est bien « Azazel » qui a aujourd’hui perdu sa puissance accusatrice.
Rester pur, veiller à son « alimentation » et s’approcher de YHVH.
C’est le thème central du livre de Vayyiqra. « Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi » (Lévitique 10:3). Mais comment un pécheur peut-il s’approcher d’Élohim Saint ?
Sacrifice ou offrande se dit Qorban. La racine du mot offrande/Qorban signifie « s’approcher de » et n’a pas de connotation de « valeur ». Il ne s’agit donc pas de donner quelque chose de « valeur » mais bel et bien de se rapprocher.
Dans les parachiyoth précédentes (Thazria et Métsora notamment), nous avons vu pourquoi les personnes rituellement impures ( tamei ) n’étaient pas autorisées à se rapprocher d’Élohim.
Si une personne devenait tamei / rituellement impure :
1) en péchant (désobéissance aux commandements)
2) en entrant en contact avec la mort,
3) par une perte de la vie (flux menstruel, etc…)
alors la personne ne pouvait pas entrer en présence de YHVH.
5
L’état de métsora (gale) représentait un état d’impureté le plus extrême. Les instructions concernant le métsora nous rappellent que le Mishkan (Tente du rendez-vous…) devait être protégé du contact avec la mort. Une personne pouvait uniquement approcher YHVH si elle était tahor (rituellement pure). Etonnamment, toutes les prescriptions liées à ces états de Tahor / Tamei (pur / impur) sont intercalées entre Lévitique 10 et 16, soit après la mort des deux fils Nadav et Avihou et l’interdiction de rentrer dans le Saint des Saints. (Y étaient-ils entrés… ?)
Lévitique 16 reprend en fait le cours de l’histoire que nous avions quittée en lévitique 10, à partir duquel s’intercale cette grande parenthèse traitant des impuretés.
Un des versets importants de la parachah Aharey Moth est Lévitique 17:11.
« OUI, la vie de la chair est dans le sang. Ce sang, JE VOUS L’AI DONNE, MOI, pour faire sur l’autel le rite d’expiation de vos vies ; car c’est le sang qui expie pour une vie. »
Ce verset donne un sens à tous les sacrifices et éclaire l’universalité du sacrifice de Yéshoua. Lorsqu'une offrande était faite, le sang de l'animal était répandu sur l'autel. Symboliquement, nous pouvons comprendre qu'une vie (celle de l'animal) pouvait couvrir les péchés d'une autre vie (la vie de ceux du peuple).
A ce stade de notre réflexion, il est utile de relever ce que Tony Robinson (restauration of Torah Ministries) a exposé à l’occasion de ses propres investigations : un parallèle étonnant entre Lévitique 17 et 18 et le passage central d’Actes 15.
En Actes 15:28-29, le premier concile de Jérusalem, qui réunit les principaux apôtres et disciples de la première génération, est amené à imposer quatre exigences à l’attention des païens convertis. D’où proviennent ces exigences ? De la parachah Aharey Moth !
Passage de la Torah Sujet Passage du livre des Actes Lévitique 17:1-9 Adoration appropriée Actes 15:29 (1° phrase)
Lévitique 17:10-15 Alimentation appropriée Actes 15:29 (2° et 3° phrases)
Lévitique 18:1-30 Relations sexuelles appropriées Actes 15:29 (4° phrase)
Nous sommes en mesure d’affirmer, sans l’ombre d’un doute, qu’Actes 15:29 est thématiquement relié à Lévitique 17-18, tout simplement parce qu’Actes 15:29 est un résumé de cette parachah Aharey Moth. Y compris l’ordre des commandements, qui est le même. Les exigences données depuis Jérusalem en l’an 51 ap. JC aux croyants non juifs sont les mêmes commandements que ceux donnés aux croyants sortis d’Egypte quelques 1500 années plus tôt. Preuve, s’il en fallait encore une, que la Torah est loin d’avoir été abolie par la première Qéhiyllah de Jérusalem.
Lorsque la Torah mentionne de ne pas manger de sang, cela signifie de ne pas manger de viande qui n’a pas correctement été évidée de son sang (porteur de vie).
« Si quelqu’un des enfants d’Israël ou des étrangers qui séjournent au milieu d’eux prend à la chasse un animal ou un oiseau qui se mange, il en versera le sang et le couvrira de poussière. » (Lévitique 17:13)
Qu’est-ce que la Torah veut dire par « un animal ou un oiseau qui se mange » ? Quels animaux et oiseaux peuvent-ils être consommés ? La réponse est donnée en Lévitique 11:1-47, passage dans lequel la Torah fait la liste de tous les animaux tahor/pur, qui peuvent être consommés. En fait, il y a deux exigences en une. Premièrement, l'animal doit être un animal comestible, et deuxièmement, l’animal doit être correctement vidé de son sang. Cela signifie que nous devons uniquement manger des animaux purs dont le sang a été correctement vidé.
(tout un programme et une vraie remise en cause pour ceux de la chrétienté vivant dans une société occidentale qui tue ses animaux a l’abri des regards dans des abattoirs ou personne ne
6
rentre…) Ainsi, le concile de Jérusalem donna le même commandement (que celui que nous retrouvons dans la Parachah Aharey Moth) aux croyants non juifs. Par conséquent, lorsque le concile demande aux croyants de s’abstenir du sang, il leur demande en fait d’observer les lois alimentaires de la Torah (nous ne parlons pas ici de ‘cacherout’, qui est la somme de toutes les réflexions rabbiniques talmudiques et commentaires au cours des siècles, avec ses inévitables dérives et dogmes humains).
Voulons-nous signifier par là qu’en tant que croyant non juif de religion, nous sommes censés manger de la nourriture « pure » selon la Bible ? Visiblement, oui ! Si nous sommes confus, c’est en partie parce que la chrétienté n’est pas au clair avec cette notion de consommation de sang. Ce commandement renvoie plus globalement à une alimentation saine et agréée au sens biblique du terme. Que chacun en ait en son temps une claire et authentique conviction dans son cœur ! Mais que personne ne puisse affirmer que c’est l’alimentation qui sauve ou qui condamne. A quoi servirait-il de « bien manger » si notre vie globalement n’est pas en ordre ? Et si notre vie est globalement plutôt en ordre, pourquoi se priver de la liberté de « bien manger » en sus ? Ainsi, ce n’est pas « le manger et le boire » qui nous sauveront, mais « le manger et le boire » peuvent matérialiser notre dynamique quotidienne de sensibilité à la purification, et nous rapprocher d’Élohim, et ainsi rendre témoignage à la Parole d’Élohim, que nous tenons pour vérité sans interprétation.
Par ailleurs, ce commandement était-il adressé aux seuls Israélites prisonniers du désert du SinaÏ? Qui sont ces immigrés et ces étrangers présents au milieu du peuple ? Le mot hébreu traduit par immigrés ou étrangers peut aussi être compris dans un sens de « prosélyte », adhérant à la foi de l’Élohim d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Nous comprenons alors mieux ce que la Torah enseigne au croyant non juif, qui se repent et se greffe librement sur l’Alliance du Sinaï renouvelée par Yéshoua au Golgoltha. Se greffer sur l’olivier, sur l’Alliance renouvelée « d’Israël », ne signifie pas se greffer sur le judaïsme pharisien, ne confondons pas ! La cacherout rabbinique et la nourriture biblique, même si elles présentent des éléments similaires, ne sont pas miscibles ! Par ailleurs la loi sur les aliments carnés nous invite à regarder au-delà du « fond de notre assiette » et d’examiner tout ce qui nous imprègne : lecture, audiovisuel, spectacle, discussion… etc. C’est aussi et surtout tout cela notre nourriture ! Savons nous choisir « sainement » entre toutes ces propositions et faire le tri entre le pur et l’impur ? La nourriture de chaque jour nous rappelle à cette exigence… « Soyez saints, car Je suis Saint
»
II – QEDOCHIYM
Cette parachah est très courte : 2 petits chapitres qui exposent pourtant 49 mitsvoth (commandements) sur les 613 recensés, dont le respect du Shabbat.
Ces lois de sainteté peuvent revêtir un aspect juridique, légaliste, réservé aux seuls initiés. Or, l’invitation formelle – l’ordre d’Elohim non négociable – de devenir « saint / qadoch », revêt au contraire un caractère universel qui ne peut souffrir le désintérêt.
La consigne de vie individuelle et collective d’Élohim, qui s’apprête « à descendre du mont Horeb et à prendre place » au sein du camp d’Israël, se résume en deux axes :
- soyez saints
- ne vivez pas selon les règles et usages des autres peuples (conséquence du premier point).
Or, la Haftarah et les livres de l’Alliance renouvelée sont associés à notre Parachah pour nous rappeler que le mauvais penchant est plus fort et que ce n’est pas notre Elohim qui a quitté le camp et abandonné son peuple. C’est nous – quotidiennement – qui ne permettons pas à notre Élohim de s’installer dans notre camp et de faire sa demeure chez nous.
« Saint, vous serez… » : un futur en forme de promesse et d’encouragement. Attention, cet ordre révèle également une évidente non-bénédiction en cas de non-respect. Telle est la logique qui
7
réunit cette semaine nos 3 textes, en un seul.
« Il tient en sa main la pelle à vanner et séparera le grain de la paille. Il amassera son grain dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint jamais. » (Matthieu 3 :12)
« Saints, vous serez… »
« Et YHVH parla à Moshéh, disant : parle à toute l’assemblée des fils d’Israël, et dis-leur… » (19 :2)
L’introduction originale de cette parachah commence par l'indication d'un rassemblement de tous les bnéi Israël : c’est la seule dans toute la Torah, les autres mettent en scène Moshéh, seul face à Élohim, qui ensuite restitue à Aharon et aux sacrificateurs, qui ensuite, restituent à leur tour à l’ensemble du peuple. Le moment est donc solennel et voulu comme tel par le Créateur. Pourquoi ?
1/ Alors que de nombreuses mitsvoth s'adressent uniquement à certains individus ou à certaines catégories de la communauté (sacrificateurs…), la sainteté s'adresse à la nation tout entière. Elle est accessible et concerne chacun sans distinction aucune. C'est pourquoi le verset dit : Parle à toute la communauté.
2/ Parce que cette parachah va résumer les dix Paroles et la Torah.
La parachah commence par une injonction particulière au futur* qui lui donne son nom : « saints, qédochiym tiyou, vous serez ». Par contre, elle se termine (20 :26) par la même injonction à l’impératif : « soyez pour moi saints, vihéyitém li qédochiym ».
*Certains commentateurs ont vu dans cette forme de futur, une assurance qu’Israël serait saint dans les temps messianiques.
Entre le début et la fin de ce discours, se place une série de mitsvoth. Nous apprenons par là que pour passer d’un futur à une réalité effective, le croyant va devoir respecter commandements et limites.
La sainteté n’est pas un concept philosophique et spirituel, une qualité morale vague, mais elle est liée à une limite posée et clairement identifiée.
La sainteté est un état de séparation : elle sépare de ce qui est impur et qualifie, en l’identifiant, ce qui est pur.
Dès lors, il ne s’agit pas simplement de ne pas faire le mal, - critère vague qui resterait soumis aux définitions aléatoires dans le temps, l’espace, les cultures – mais de pratiquer le bien, lequel est défini précisément et non soumis aux appréciations humaines.
Cette définition de la sainteté donnée à tout Israël rassemblé en un moment unique et solennel n'est pas un privilège. C’est une exigence, dont il est dit qu’aucun autre peuple n’avait souhaité en hériter ; une exigence terrible qui a sa source dans les lieux célestes.
Voilà pourquoi il n’est pas dit : « vous êtes saints et les meilleurs parmi les hommes alors Je vous choisis comme peuple et résiderai au milieu de vous… »
mais « c'est parce que Je suis saint que vous devez l'être. Vous le serez ou vous mourrez ! ». Si nous voulons que YHVH soit notre Élohim, si nous le choisissons entre tous les autres (faux) dieux pour qu’Il soit le nôtre, nous devons croire en cette parole.
Ajoutons-nous à la Parole en paraphrasant de la sorte ? Au contraire, toute la suite de la Torah, l’histoire des prophètes d’Israël et les annonces de jugements sur la maison du Père et du Fils, nous y invitent et nous confortent dans cette lecture. Ainsi, en Ezéchiel 20, Haftarah de la semaine : « Je leur enseignai les règles et les lois que j’ai établies pour que tous ceux qui les pratiquent puissent vivre. J’instituai le jour du sabbat pour manifester la relation qui les unit à moi et leur rappeler que moi, le Seigneur, je les consacre à mon service. Mais les Israélites se sont révoltés contre moi dans le désert. Ils ont négligé mes règles et méprisé mes lois, qui permettent de vivre à ceux qui les pratiquent. Ils ont gravement violé le jour du sabbat…J’ai donné ces recommandations à leurs enfants dans le désert : Ne vous conduisez pas selon les règles et les lois que vos pères se sont fabriquées, ne vous rendez pas impurs en adorant leurs sales idoles. C’est
8
moi qui suis le Seigneur votre Élohim ! Conduisez-vous selon mes règles et acceptez d’obéir à mes lois. Consacrez-moi le jour du sabbat pour manifester la relation qui vous unit à moi et vous rappeler que je suis le Seigneur, votre Élohim. Mais eux aussi se sont révoltés contre moi. Ils n’ont pas observé mes règles et ils ont refusé de se conformer à mes lois, qui permettent de vivre à ceux qui les pratiquent. Ils ont violé le jour du shabbat. J’envisageai alors de ne plus contenir ma colère… »
Et de même, en Matthieu 3,7 où le plus grand des prophètes d’Israël est obligé de démasquer publiquement la duplicité des pharisiens et saducéens qui viennent à lui pour se faire immerger dans le Jourdain, conscients de leur état de non-sainteté mais se satisfaisant de leur état génétique et leur appartenance communautaire pour échapper au jugement :
«Jean vit que beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens venaient à lui pour être baptisés ; il leur dit alors : Bande de serpents ! Qui vous a enseigné à vouloir échapper au jugement d’Élohim, qui est proche ? Montrez par des actes que vous avez changé de mentalité et ne pensez pas qu’il suffit de dire en vous-mêmes : Abraham est notre ancêtre.» L’histoire d’Israël et l’histoire des premières communautés de croyants est aussi NOTRE histoire.
Quand le verset nous ordonne « Vous serez saints », nous ne devons pas penser que nous pouvons être aussi saints qu’Élohim Lui-même car la suite du verset précise « car Moi, YHVH votre Élohim, Je suis saint » : Ce qui signifie que la sainteté d’Élohim est au-dessus et plus grande que celle des justes les plus illustres.
Ce verset nous demande alors de travailler à imiter la sainteté d’Élohim en sanctifiant notre vie. « Vous serez saints » signifie donc que nous atteindrons la sainteté d’Élohim « car Moi, YHVH votre Élohim, Je suis saint »…et « J’ai le pouvoir de communiquer ma sainteté à ceux qui gardent mes commandements »
(ceci est un commentaire en forme de paraphrase pour faciliter la compréhension !).
Avons-nous donc le pouvoir et la vocation d’être comme Élohim, d’être son image dans son attribut de sainteté ? Oui, car en nous conférant sa sainteté par le Fils, Il nous a doté de la capacité d’être ses enfants engendrés de Lui, des bnéi Elohim. Qédochiym nous parle donc de ce potentiel infini.
Rashi explique, qu’être saint, consiste avant tout à s'écarter de la débauche et des péchés en général, car dit-il, partout où tu trouveras une barrière devant la débauche, tu trouveras mention de la sainteté.
Soyez saints : la sainteté ne constitue pas un commandement biblique faisant partie des 613 mitsvoth mais représente un ordre général qui caractérise la Torah. Une grande partie de la parachah est consacrée à des directives aidant à atteindre ce contrôle de soi, dans des domaines divers de la vie sociale et donc des relations humaines. Le point d’orgue de la parachah est le célèbre enseignement : « Aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19 :18).
Respecter le Shabbat, respecter ses parents, respecter le Shabbat de ses parents, respecter le Shabbat de YHVH
Qédochiym ne traite pas simplement que de la sainteté du corps et des croyants, car il s’agit également de sanctifier l’espace et le temps dans lesquels nous nous plaçons.
Ainsi, la sanctification du temps est-elle acquise par le respect du Shabbat, mais une sanctification qui ne se concentre pas seulement sur le dernier jour de la semaine ; le dernier jour de la semaine se réalise convenablement à la condition que les six jours précédents soient orientés à la sanctification. Ainsi chaque jour participe à la sainteté du Shabbat et doit être vécu en conséquence. Pour bien ancrer la relation de chaque jour de la semaine au Shabbat, la Bible ne donne pas de nom aux six jours de la semaine, ils n'ont pas de nom de planètes ou de dieux comme dans les calendriers occidentaux usuels mais chaque jour biblique a un chiffre qui le nomme "premier jour dans
9
le Shabbat", etc.
Il faut noter la primauté donnée par YHVH au respect des parents . Respect des parents qu’on ne peut imaginer qu’en environnement familial saint, reconnu en termes institutionnels ; ce qui pose de nos jours un réel problème au regard des lois de « déconstruction de la famille » prônées par les mouvances athéistes.
En fait, juste après l’annonce solennelle d’appel à la sainteté, deux piliers indissociables constituent le premier commandement : respect…
1/ …des parents,
2/ …du Shabbat.
La Torah a élevé l'honneur, le respect et la vénération dus aux parents au niveau des sentiments que nous devons éprouver pour Élohim. Nous devons obéir à nos parents, accepter leur autorité et leur témoigner notre gratitude. Depuis le berceau jusqu'à la tombe, le respect du Shabbat et des parents sont des facteurs éducatifs qui forment l'homme à la sainteté. Mais le premier pas vers la qédouchah, la sainteté, est le respect des parents.
Voici un commentaire célèbre sur ce commandement : « Révérez chacun votre mère et votre père, et observez mes jours de Shabbat ». Cela veut dire : toi et tes parents devez obéissance, collectivement, de génération et génération. Mais si les parents te demandent de transgresser l'un des commandements, notamment le Shabbat, c'est à Élohim qu’il faut obéir. Le respect dû aux parents est donc subordonné à l'obéissance aux autres lois éternelles du Seigneur (commentaire : « ce sont Mes Shabbat que vous devez observer. Toi et ton père vous me devez obéissance. C'est pourquoi ne l'écoute pas pour abolir Mes paroles. »). Ainsi, si les parents veulent être respectés, ils s’efforceront de montrer qu’ils gardent la Torah, et ainsi de générations en générations…jusqu’à l’avènement du Mashiah.
« Aime ton prochain comme toi-même »
«(en ce qui concerne le prochain), c'est là toute la Torah, le reste en est le commentaire : aime ton prochain comme toi-même ».
Nous devons comprendre que si nous observons convenablement ce commandement, nous en ferons de même pour les autres commandements comme les interdictions de voler ou de porter un faux témoignage. Toutes les lois régissant les relations avec son prochain sont en effet incluses dans l’injonction « Aime ton prochain ». C’est un grand principe parce qu’il inclut quasiment la moitié de la Torah : toutes les lois concernant les relations humaines.
La perle de notre parachah : preuve de sa grande connaissance et de sa maitrise de la Loi, Yéshoua cite ce commandement en faisant explicitement référence à Qédochiym :
« respecte ton père et ta mère ; aime ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 19:19).
La juxtaposition de ces deux commandements dans un même verset ne peut être le fruit du hasard mais témoigne que ce commentaire est le fruit d’un grand commentateur de la Torah ; et pour cause : ce commentateur en est aussi l’auteur !
« A ce moment-là, un docteur de la Torah intervint et posa à Yéshoua une question pour l’embarrasser. -Maître, lui dit-il, qu’est-ce que je dois faire pour être sûr d’obtenir la vie éternelle ? Yéshoua lui répondit : -Qu’est-ce qui est écrit dans notre Torah ? Que dit-elle à ce sujet ? Comment la comprends-tu ? -Aime le Seigneur ton Élohim, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, lui répondit-il, et aime ton prochain comme toi-même. -Excellente réponse, lui dit Yéshoua, fais cela et tu auras la vie. » (Luc 10 :25)
10
Confirmation de ce que cette parachah révèle le secret de la sainteté et donc de la vie. Alors que ce docteur de la Torah interpelle Yéshoua en sa qualité de Maître Rabbi, il tente néanmoins de le provoquer et de le mettre en difficulté. Pour répondre à cette question essentielle de la vie éternelle, Yéshoua n’invente pas de nouveaux commandements mais renvoie son contemporain à la Torah de Moshéh. « Que dit-elle ? ».
En sommant le docteur de la Torah de faire ce qu’il vient opportunément de dire en résumant la Torah, Yéshoua le renvoie à ses propres contradictions et faiblesses : car en tentant de déstabiliser Yéshoua, il n’a pas appliqué ce commandement. D’où la réponse du Maître : « fais cela…sous entendu, tu le l’as pas fait…et moi que tu croyais surprendre, je te surprends dans tes mauvaises pensées… ». « car toute la Torah dans une parole est rendue complète* dans le « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Galates 5 :14 grec mot à mot)
(*La nuance ainsi rendue est que la parole : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » complète parfaitement la Torah, et non que la Torah consiste dans le seul « amour du prochain » le terme [plêroô/péplêrokhai] est relatif à l’action de remplir, de compléter, de rendre complet, d’achever… et non pas d’être suffisant en soi. Dictionnaire Bailly)
Cette pensée et ce commandement tirés de Qédochiym ont clairement agité et caractérisé le siècle de Yéshoua. De fait, ce commandement central de la « chrétienté » renvoie à notre parachah « soyez saints… ». Loin d’être rébarbative et réservée aux initiés, Yéshoua nous dit combien cette parachah résume tout ce qu’Il fut et que nous devons à sa suite nous efforcer d’être. A tous nos amis chrétiens encore prisonniers du paganisme de Nicée, nous devons maintenant dire avec force :
« Notre Sauveur nous renvoie tous, collectivement, à cette parachah Qédochiym qui stipule solennellement : respectez vos parents, gardez mes shabbat(s), aimez votre prochain comme vous-même. »
Nul ne peut être saint Qédochiym (séparer), s’il n’aime pas YHVH de tout son cœur, son âme et sa force et aussi son prochain (parents, famille, ennemi…) comme soi-même.
Shabbat shalom vé shavoua tov.
Par Blog Kehila, lu et revue par OMADI Samuel le messager.